samedi 12 novembre 2011

Hugo BALL et la critique de la théologie politique de Carl Schmitt






Hugo BALL. Tenderenda

Fondateur du Cabaret Voltaire à Zurich et du mouvement Dada, Hugo Ball a écrit ce roman alors que la Première Guerre mondiale éclatait. Il livre une satire féroce sur le conformisme ambiant et les horreurs de la guerre. Son personnage, joueur et provocateur, rencontre, au fil du récit, d'autres protagonistes avec lesquels il aborde les questions importantes de la pensée du début du XXe siècle et d'un possible renouveau d'une tradition vivante qui ne conduirait pas l'individu sur les chemins de la destruction. Un roman surprenant par sa forme puisqu'il emprunte aussi à la technique du montage et à celle du détournement, et contient plusieurs poèmes en prose.


Extrait :

“ Franche irruption ou expectoration du personnage principal. L’auteur le qualifie de fantasque et s’intitule lui-même, à sa manière hyperbolique, “poète de l’Église“. Il se dit aussi “chevalier en papier glacé“, faisant ainsi allusion à l’accoutrement donquichottesque dans lequel il aimait se déplacer de son vivant. Il avoue être las de sa gaieté et supplie le ciel de lui accorder sa bénédiction. On louera particulièrement et à juste titre la formule de bénédiction, dont la tonalité sereine rend compte de la nature de danseur céleste de Tenderenda. Comme il introduit des chimères dans l’écurie, on pourrait le tenir pour un exorciste. Les pièges du diable, auxquels la bénédiction fait allusion, sont ces fantasmes dont se plaignait déjà saint Amboise, et de l’abjuration desquels un autre saint fait la condition de l’entrée dans l’état monastique. À part cela, Tenderenda se trouve dans une disposition élégiaque et les masses l’effraient. Les jeux de mots, merveilles et aventures ont brisé sa résistance. Il aspire à la paix, au silence et à l’absence latine. ”
chapitre XIII, Laurentius Tenderenda
http://www.lekti-ecriture.com/editeurs/Tenderenda-le-fantasque.html


mercredi 9 novembre 2011

Marcel DUCHAMP. « Readymade malheureux », 1919

Marcel DUCHAMP. Readymade malheureux, Buenos Aires / Paris, 1919


Marcel Duchamp est à Buenos Aires depuis quelques semaines quand une lettre de sa soeur Suzanne lui apprend qu'elle épouse en avril 1919 le peintre Jean Crotti. Ne pouvant faire le voyage, Marcel envoie par courrier ses instructions pour un cadeau de mariage :


« C'était un précis de géométrie qu'il lui fallait attacher avec des ficelles sur le balcon de son appartement de la rue de La Condamine; le vent devait compulser le livre, choisir lui-même les problèmes, effeuiller les pages et les déchirer.Suzanne en a fait un petit tableau : Readymade malheureux de Marcel. C'est tout ce qu'il en reste puisque le vent l'a déchiré.Ça m'avait amusé d'introduire l'idée d'heureux et de malheureux dans les readymades, et puis la pluie, le vent, les pages qui volent, c'est amusant comme idée...»
Marcel Duchamp, Entretiens, p.105




lundi 7 novembre 2011

Kurt SCHWITTERS. « PRIKKEN PAA I EN »


Kurt SCHWITTERS. Das Undbild, 1919


« Kurt Schwitters ramasse ce qui traîne dans les rues. Il rapporte dans ses poches des billets de théâtre, des tickets de tramway, des vignettes, et beaucoup d’autres choses encore comme des enveloppes, des emballages, des articles de journaux, qu’il découpe, rassemble, dispose et colle fragments par fragments. Il baptise ça MERZ ! Pourquoi MERZ ?... »


Parce qu’il a coupé la partie centrale du mot Kommerzbank .


« Jour après jour, comme feuilles poussées par le vent, tous ces petits papiers forment un tapis aux couleurs de l’automne. Sur ces papiers courent des mots, qui se superposent, se bousculent, s’entrechoquent. Ils sont en anglais, en norvégien, en italien, en français, mais la plupart sont en allemand, la langue maternelle de Schwitters. »« Tous ces mots, tous ces papiers sont dispersé comme par le souffle des ailes d’un moulin. Puis rassemblés, construits comme un nid d’oiseaux. L’oiseau qui plane au-dessus de l’Allemagne en 1939, c’est l’aigle impérial. Dans son tableau, Schwitters le coupe en deux et l’enfouit parmi les détritus de la rue ! Le collage terminé, il le signe, le date et donne ce titre à son œuvre : PRIKKEN PAAI EN, c’est-à-dire LE POINT SUR LE I. »



Extraits de : Schwitters, Le point sur le i, coll. L’Art en jeu, Paris, Centre Georges Pompidou.

dimanche 6 novembre 2011

Renée DUNAN. « Assassinons l'intelligence et l'esthétique si nous voulons comprendre la beauté »



Le "Dadaïsme" n'est pas né de quelque théorie esthétique poussée jusqu'à ses ultimes conséquences comme le Futurisme. Il n'est pas sorti d'une transformation des concepts esthétiques comme le Symbolisme. Non plus d'un besoin de renouvellement dans la plastique verbale selon la formule des Cubistes purs comme Reverdy, des Nunistes comme Pierre -Albert Birot ou des Ontoïstes comme Roch grey. Dada est né hors le temps et l'espace, dans le pur abstrait. Ce n'est une métaphysique. C'est plus que cela, c'est une "hypopsychie".Je m'explique : Que ce soit grâce à une lente évolution des substrats psychiques ou par quelque disposition peu à peu améliorée de la substance grise, les interprétations philosophiques du monde se précisent peu à peu, se détaillent, se fragmentent et se compliquent par le sens perpétuel de la divisibilité à l'infini. Rosny a pu dire que "la science ne résout pas, mais crée le mystère". C'est ainsi que les études psychologiques basées sur la vésanie, tant dans la fameuse école de Nancy qu'à Zurich, ont abouti à concevoir l'âme humaine comme beaucoup plus souvent et puissamment "impulsée" par son inconscient que par son conscient. L'étude de l'inconscient refoulé par une sorte de contrôle au seuil du conscient est actuellement le grand dada des psychoanalystes.Or, le premier lien qui disparaisse avec la conscience est le "lien logique" et les idées venues de cet arrière-moi qui franchissent le seuil conscient se caractérisent par "l'association-libre". L'association libre ne doit pas échapper pourtant à la possibilité d'une définition intrinsèque, mais la loi n'en a pas encore été trouvé avec certitude. Ici apparaît la règle qui dominera le "dadaïsme" : pas de logique, pas de rationalité. C'est hors le principe de raison que la Vérité Dada naîtra et c'est hors les lois causales que l'esthétique Dada donnera de la beauté.Il est un peu délicat de prétendre donner l'arbre généalogique d'une forme d'art. Comme le dit Pierre Benoit dans son "Atlantide" et, naturellement pour tout autre sujet, "dans la vie, il n'y a pas de séparation des genres". Tout se compénètre et se confond. Hegel avait déjà osé dire : "Tout est identique". Je ne crois donc pas plus synthétiser le mouvement Dada dans quelques affirmations qu'il ne me parait possible de fixer les limites du Dadaïsme. La vérité est en ceci qu'un concept métaphysique issu des limites du moi conscient mais "plus ou moins clairement élucidé" quoique décelé par l'analyse, sert de base à l'activité physique et très consciente de jeunes gens dont la plupart n'ont avec leur idée directrice aucun contact certain et intellectuel. Un magnétisme collectif s'exerce, qui passe par des maxima et des minima et se cantonne dans le subconscient. Les Dadaïstes, à la façon de réactifs chimiques se corrodent ou se dissolvent entre eux dans le contact quotidien des idées, des mots et des impulsions mentales.Le mouvement subira des hauts et des bas, il se transformera, changera de nom, semblera peut-être disparaître, mais en réalité il est destiné à absorber toute la pensée et toute la littérature moderne et je vois déjà une activité parallèle dans cette fameuse théorie renouée de la Gravitation Universelle, qui nous vient d'Allemagne, et qui repose sur cette idée : "la ligne droite est non seulement irréalisable en fait, mais un concept absurde et antinomique." La ligne courbe serait ainsi la seule qui corresponde à la logique de l'esprit. Et je vois revenir derrière cette idée le vieux serpent qui se mord la queue des alchimistes ou la mystérieuse liaison entre les mots Sémitiques primitifs qui signifient la sphère et la sagesse.Mais ceci va bien loin. Le Dadaïsme naît. Il en est à la période des ruades, des cabrioles et des rigolades. rien en lui ne décèle rigoureusement son avenir. Je n'en crois pas moins à son importance décisive, tant en art qu'en philosophie, voir même en économie politique (un jour). Pour le moment, il donne des représentations catastrophiques et cocasses qui ne visent qu'à réaliser un absurde inédit et surprenant qui s'absente de la norme et échappe à l'usage. Le produit "stable" de la chimie intellectuelle qui prend le nom de "Dada" n'est pas encore reconnu. Il est hors de doute qu'il existe, mais comme Le Verrier établissant les coordonnées d'une planète mystérieuse, nous savons, nous percevons son influence sans pouvoir l'enclore dans une définition nette jusqu'ici.Ses éléments nés de la réaction de l'inconscient sur le conscient sont la révolte. Révolte qui prend diverses formes, selon, les individus, révolte contre les faits d'ordre social et contre les faits d'ordre esthétique. Révolte avec besoin de briser des idoles, d'assassiner les vieux usages, de danser sur cette tradition qui soumet les vivants à la volonté morte des morts. Beaucoup disent qu'attaquer certaines choses c'est ébranler l'édifice de la civilisation, et peut-être même l'intelligence. Comme si le principe de la pensée n'échappait pas à toutes les écritures, à toutes les théories au cerveau même ? Comme si l'inconscient n'était pas l'âme même ? Comme si la civilisation de 1920 était plus délicate, plus raffinée, plus spirituelle que celle d'il y a trente siècles ? Comme si la crasse millénaire qui noie l'effigie des mots, des phrases, des idées, des sensations, de toute la sensibilité humaine n'avait pas besoin d'être décapée; comme si l'absurde et le paralogique n'étaient pas, possédant autant de contact que leurs contraires avec la réalité, des choses neuves, fraîches, "belles", vierges, et qui méritent notre hommage à leur tour.


Renée DUNAN. « Assassinons l'intelligence et l'esthétique si nous voulons comprendre la beauté. » La Vie Nouvelle Revue Mensuelle de Littérature et d'Art, N°1 décembre 1920, pp. 17 à 20.

Même sous la neige il est encore possible de faire de petites trouvailles. Cette fois c'est une revue, publiée en Egypte. Le titre de son article et le nom de Renée Dunan le premier, attire mon attention et Oh miracle il s'agit d'un article sur Dada, j'avais lu quelque part que Dunan se disait "Dadaïste de la première heure" mais la dame était plutôt pour moi l'auteur du Prix Lacombyne, sur les dessous des prix littéraires et notamment du Goncourt, de romans érotiques, naturistes, policiers et de science fiction. Journaliste elle collabora aux revues Projecteur, Action, Le Disque vert, Floréal, Images de Paris, ou Rives d’Azur, Le Sourire ou Le Crapouillot. Nous savons peu de chose sur la vie de Renée Dunan, elle semble être née en 1892, et sa mort fut annoncée en 1936, Il existe pourtant des lettres de son écriture datées de 1938, dans les années 40 un monsieur Georges Dunan se disait l'auteur des ouvrages de Renée Dunan. (Voir Histoires littéraires n° 2, avril-mai-juin 2000 Renée Dunan ou la femme démystifiée par Claudine Brécourt-Villars.) Pour en savoir plus sur Renée Dunan.


Description de la revue : La Vie Nouvelle, Le Caire, N° 1, décembre 1920, 20 X 14 cm, 48 pages, le premier plat est illustré d'un bois de Ludovic Rodo [Pissarro]. Publiée au Caire par Les Editions de La Librairie d'Art, Stravinos & Cie, Libraires éditeurs, 23, rue Kasr-el-Nil. Directeur E. Goldenberg-Cahen. Rédacteur en chef Pavos Stavrinos. Représentant pour la France, Joseph Rivière.


Sommaire de ce numéro : Propos liminaire par E. Goldenberg-Cahen, J'ose un conseil par Han Ryner, Samael (fragment) par André Spire, Ballade de ce printemps là par René-Marie Hermant, Des hommes par Fernand Leprette, Assassinons l'intelligence et l'esthétique si nous voulons comprendre la beauté par Renée Dunan, Le Retour - Corbeaux et Mouettes Marcel Loumaye, Lettres à des Egyptiennes sur la Littérature Française Contemporaine (1ère lettre) par Maurice Rocher, Notes par Joseph Rivière, La Percée de Jean Bernier par F. L. , Les Lettres néo-grecques par Panos Stavrinos.

Couverture illustrée d'un bois gravé de Ludovic Rodo Pissarro, pseudonyme de Ludovic Pissarro (1878-1952), fils de Camille. Peintre, aquarelliste et graveur.
Joseph Rivière, Fernand Leprette, Marcel Loumaye poète belge, liégeois même, si l'on en croit le poème Retour, collaborèrent à La Revue Littéraire des Primaires Les Humbles, où ils purent rencontrer Han Ryner. Rivière est le fondateur de Soi-Même revue à laquelle participa aussi l'auteur de L'Homme-Foumi. René-Marie Hermant lui, publia un recueil de poèmes, La traînaille : poémes, ballades et chansons de mauvaise vie aux éditions Les Humbles en 1919. Samael le poème biblique d'André Spire, inspiré par les colons juifs en Palestine paraitra en 1921 chez Crès.


Source :

ÇA IRA


Georges-Henri Dumont. « La revue ¨Ca ira entre communisme et dadaïsme », 8 avril 2000 :
http://www.arllfb.be/ebibliotheque/communications/dumont080400.pdf

Renée DUNAN.« DADA ? »




DADA ? C'est aujourd'hui une nouvelle passion guerrière, On bataille contre Dada. Comme Dada ne fait de mal à personne, il faut bien juger que seule une bêtise par trop babétique pousse quelques olibrius à hurler contre Dada de terrifiantes menaces de mort. Dada mérite-t-il cette haine féroce et ces appels à l'égorgement ? Verrons-nous une Saint-Barthélemy de dadaïstes ? Ce sont là ques­tions graves, car Dada est beaucoup plus qu'un jeu et une ahurissante fantaisie ; Dada est le " Phénomène futur " … et tuer Dada serait sacrifier la beauté des temps à venir. Il faut le dire d'abord : les extravagances, les excès et les rigolades ; les fumisteries les plus carabinées et la plus patente mystification ne prouvent rien contre l'idée mère d'une conception d'esthétique. Au temps de la bataille d'Hernani, au temps des Fleurs du Mal et de Sagesse, Hugo, Baudelaire et Verlaine ont subi très exactement les mêmes injures que Dada et faisaient, au demeurant, tout le nécessaire pour les justifier. Les fantaisistes "réalisations" de Théophile Gautier étaient même beaucoup plus attentatoires à "l'ordre" que celles de M. Tristan Tzara. Il faut donc admettre que seule vaut l'œuvre et qu'il ne faut point juger autre chose que l'œuvre. L'auteur peut être ce qu'il voudra : fou, bicéphale, notaire, tétrapode, bolcheviste, ramoneur, ou paralytique, onorique ou paranorique [1], I'œuvre est susceptible de donner le branle à votre ménagerie mentale ; si votre sensibilité s'en émeut, si I'œuvre se prolonge et se répercute en vous, l'auteur a du génie. Toute autre conception est absurde. Les principes de l'Armée qui allouent le talent à la seule passe­menterie ne sont heureusement point valables en art. Qu'est Dada ? C'est un groupe qui cherche une formule d'art neuf hors les voies connues. En quels chemins ? Ici, l'étude de Dada est plus abstraite. Voici : Un certain nombre de philosophes, issus de l'école française de Nancy, mais principalement Suisses, se sont aperçus que l'on pouvait concevoir un principe d'intellection autre que l'association logique, L'association mentale libre se fait hors des lois causales. Son incohé­rence n'est pourtant que le masque d'une loi inconnue ? Qu'elle est la loi ? Ici, les psychologues ne sont pas d'accord, Il y a l'école de Freud, qui voit la sexualité : la base de toute l'activité consciente ; il y a ceux qui ont atténué Freud et expliquent par le lien effectif l'apparente absurdité de l'association intellectuelle libre. Il en est d'autres. On cherche toujours. Le problème ainsi posé mène fort loin. Il entraîne à tenter la mesure de l'inconscient et de son action sur le conscient. Il est possible, il est probable que des découvertes sensationnelles surgiront de ces explorations psychologiques. Il n'est pas impossible d'imaginer qu'un jour nous puissions prendre contact avec notre inconscient et modifier ainsi tout l'aspect physique et mental du monde. Qui sait si nous ne voyons pas (inconsciemment) à travers les choses opaques ? Qui sait si des réalités étonnantes ne viendront pas, amenées à la perception consciente, transformer tout l'intellect humain ? On voit donc quelle immense gravité pose le problème des recherches hors la causalité logique. Rien ne prouve que l'ordre introduit par notre esprit dans le chaos des perceptions - ordre que nous estimons naïvement être la réalité elle-même - ne sera point bientôt aussi périmé que les rêveries de panthéisme anthropoïque léguées par les temps homériques. A une psychologie nouvelle correspondra une esthétique renou­velée. Le groupe Dada cherche dans l'extravagance la loi mystérieuse du devenir esthétique prochain. Il est terriblement difficile de se dégager de la raison. Aussi les dadaïstes heurtent-ils surtout l'enten­dement par une paralogie qui n'est, malgré leurs efforts, qu'une logique encore. Cette lutte contre les lois millénaires de l'esprit humain, quelque soit son aspect et ses cabrioles affolées, mérite un respect attentif et soigneux. Il ne s'agit pas de savoir si tel ou tel dadaïsant se livre à de catastrophiques sottises; il ne s'agit que de voir ici un phénomène global, qui comprend des délirants et des inspirés. des gens de génie et des mabouls, mais conglomérés de telle façon qu'il est plus compréhensif de leur supposer à tous du génie, que de les mépriser. Mépriser Dada, qui représente l'ordre futur, c'est se classer soi-même dans le désordre du présent. Reconnaissons qu'en politique, par exemple - et tout se tient - le désordre est assez visible pour donner de la prudence au gens du "vieil ordre". Dada n'est pas une mystification : c'est tout le mystère humain.



RENÉE DUNAN.



« Dada, sa naissance, sa vie, sa mort », Ça Ira, n° 16, novembre 1921, pages 116-117.

Dada comme phénomène européen. L'irruption de l'inconscient dans la littérature



Henri Béhar. « Dada comme phénomène européen. L'irruption de l'inconscient dans la littérature » :

http://www.rilune.org/mono6/5_behar.pdf

En partant du Manifeste Dada de Tzara, le Dadaïsme démontre sa volonté de s'imposer en tant que “mouvement international” dans le contexte de la littérature d'avant-garde européenne de la première moitié du XXe siècle. L'intense activité de Tzara entre 1915 et 1925, ses collaborations avec les plus éminents écrivains et artistes européens (futuristes italiens, expressionnistes allemands, cubistes français) témoignent de sa volonté de créer un mouvement qui tente de se constituer comme un «anti-art international» au-delà de toutes frontières géographique et culturelles. D'un point de vue des techniques artistiques, Dada fait recours au photomontage, au collage, à l'écriture collective de poèmes.
RI.L.Un.E (Revue des Littératures de l’Union Européenne). Numéro monographique 6 - mai 2007 : « L'émergence de l'inconscient dans la littérature européenne » (sous la direction de Tania Collani et Valentina Fenga)