samedi 6 août 2011

FRANCIS PICABIA. « Unique Eunuque »



UNIQUE EUNUQUE

JE DEDIE CE POEME
A MON MEILLEUR AMI


PRÉFACE PAR TRISTAN TZARA

Les myriapodes philosophiques ont cassé des jambes de bois ou de métal, et même des ailes, entre les stations Vérité-Réalité. Il y avait toujours quelque chose d'insaisissable : LA VIE.

Chercher de remplacer la vie par un plaisir privé : aventure parfois amusante. (Les aventures sans remords qui s'introduisent en art par ses moyens, pour le détruire lentement, réveillent la cendre dans le noyau, intérêts réciproques, insinuations et obstacles systèmemouvement DADA).

Mais donner à une blague la caractère d'éternité et lui préparer l'exclusivité de la faim, est ridicule, bonjour naïf d'onaniste, musique salutiste, prétention mélangée, succursale du bourgeois chatouille l'art.

L'anémie ne se propage pas sur le continent, mais tu connais la force, les microbes, les fleurs, l'alcool, le sang, les inventions, qui répandent leur pluie — sans but — ou se cassent écho au roc matinal et solide.

Je pense au même besoin d'imposer, — apprenez-moi le ton sérieux qui ne sonne faux! — et ce sont toujours les autres qui ont raison.

Le besoin de chercher des explications à ce qui n'a pas d'autre raison que d'être fait, simplement, sans discussions, avec le minimum de critère ou de critique, ressemble à la self-cleptomanie : changer à perpétuité de poches, à ses propres objets et dans son propre habit. On s'arrange d'habitude aussi une collection d'une spécialité morale quelconque, pour la commodité des jugements. Les hommes sont pauvres parce qu'ils se volent eux-mêmes. Ce n'est pas la difficulté de comprendre la vie moderne, qui en est cause, mais ils volent des éléments à leur propre personnalité.

PICABIA. La parole fertilise le métal : bolide ou roue urubu ouragan ourlé et ouvert — il laisse dormir ses sentiments dans un garage. Je place un hibou dans un hexagone — chante en hexamètres — use les angles — crie (à bas) et obuse. La géométrie est sèche, vieille. J'ai vu jaillir une ligne autrement. Une ligne jaillie tue les théories, et il n'y a d'autres besoins que l'aventure dans la vie des lignes. Œuvre personnelle celle qui fait l'absolu. Et vit. S'évade. De la sève muette. Mécanisme de l'aorte fait

plus de bruit que l'ascenseur, l'engrenage de ses roues est feu, réveil : typographie des premières sensations, trop simple pour être déchiffrée si vite par les capitaines de la science. Mon cher Picabia, « Vivre » sans prétention. Danser sur les dents de fer télégraphiquement. Ou se taire sur la ligne équinoxiale, pour savoir à chaque instant — perpetua mobilia — que c'est aujourd'hui.

« Charme » et « jolie » s'appliquent au claire de lune, aux sentiments, aux tableaux qui chanttent et aux chansons qui voient, se collent aux traditions, s'infusent parmi les pompiers et parmi les peintres.

Les peintres cubistes et futuristes, qui devraient laisser vibrer leur joie de la libération d'un extérieur encombrant et futile de l'apparence, deviennent scientifiques et proposent l'académie. Propagation théorique de charognes, pompe pour sang. Il y a des paroles qui sont aussi des croix d'honneur. A la classe des gros mots qui assurent le bonheur de l'humanité, du prestige prestidigitateurs de prédilections prodigieuses pour le plaisir de ceux qui payent. Chapitre respect de la soupe.

Les idées empoisonnent la peinture; si le poison parle un nom sonore de gros ventre philologique, l'art devient contagion, et si l'on se réjouit de cette intestine musicalité, le mélange devient danger pour les hommes propres et sobres.

Il n'y a que l'action négative qui soit nécessaire. Picabia a réduit la peinture à une formation sans problèmes; chacun y trouvera les lignes de sa vie

qui vont avec le temps en chemin de fer et par téléphone sans fil

s'il la regarde sans se demander pourquoiune tasse ressemble à un sentiment.

TRISTAN TZARA.
***

PREFACE PAR PASCAL

Qu'il est difficile de proposer une chose au jugement d'un autre, sans corrompre son jugement par la manière de la lui proposer! Si on dit : « Je le trouve beau, je le trouve obscur, ou autre chose semblable, on entraîne l'imagination à ce jugement, ou on l'irrite au contraire. Il vaut mieux ne rien dire; et alors il juge selon ce qu'il est, c'est-à-dire selon ce qu'il est alors, et selon que les autres circonstances dont on n'est pas auteur y auront mis. Mais au moins on n'y aura rien mis; si ce n'est que ce silence n'y fasse aussi son effet, selon le tour et l'interprétation qu'il sera en humeur de lui donner, ou selon qu'il le conjecturera des mouvements et air du visage, ou du ton de la voix, selon qu'il sera physionomiste : tant il est difficile de ne point démonter un jugement de son assiette naturelle, ou plutôt, tant il en a peu de ferme et stable!

PASCAL.

Ce qui est inhumain dans la vie moderne, c'est l'officialisme. L'autorité est aussi destructive pour ceux qui l'exercent que pour ceux sur qui elle est exercée.

OSCAR WILDE.

L'homme rend précieuse une action : mais comment une action rendrait-elle précieux un homme?

FREDERIC NIETZSCHE.

Toute conviction est une maladie.

FRANCIS PICABIA.






UNIQUE EUNUQUE

Essayons l'heure actuelle

Dans l'alphabet chasse gardée

De l'ombre lentement

Véritablement livres sterling

Sous virginal louis cou cou

Qui fait domicile conjugal sous la pluie

Mais riant plus fort le café

Est à sept kilomètres capitale

Le petit chacal des sornettes

Ivres d'alcool gentilhomme

Au milieu des femmes camarades

Avec leurs tendres bouches porte-plumes

Photographie l'œil de l'amour

Antique garniture illuminée noir

Bicyclette l'horizon vers

Etiquette sein le dans

Corbeau grand d'un enceinte est

La Société des Nations

Chameau d'un ou

Aux épices cauchemardesque d'Annunzio

Je considère le genre américain

Cuivre d'armoire une

Utile énormément

? ? ? ? ? ? ? ? ? Quoi mais

Ecoute la Terre côte à côte

La prière avec la bibliothèque en peau de lion

Soutachée de missions

Volupté d'aiguiller le refrain total

Voix monotone de ministre

Pipe revolver fesses nues continuez

Vous allez comprendre piteux cavaliers

Je préfère un coiffeur accroché au mur

Dansant comme une plume

Sur mes joues

Rient des jambes légères

Paralysie mosquito

Dit manucure prend la banque

Quarante et trente du

Etroit, très nez

Allongé visage

Blanc teint

Néant barbe

Particulier signe

Souple et mince

Subsiste qu'il savez-vous

Lama sombré

Dynastie de la lune

Permettez-lui entre nous

D'évoluer comme une statue

Avec l'arc en ciel de Cluny

Caumartin Astra niche la à pareil tout

Abat-jour du monde l'homme de

Grand Duc

Renifle jaune pâle

De cuir roux bonheur

Rouen rose dentelles des cou le sur

Doublées de haussements d'épaules

Deux rois dans les mains

Dessous en mais

D'or chevilles reine

Palpite

Le dessert voilà

Un peu ivre

Encrier un dans craie de

Grue romantique

Vêtu de berlingots entrechats

Miracle de désinvolture guignol

Martèle le palais inexprimable

Des étoiles surexcitées

Le complet désintéressement

A paroles bélier petit

Hébète le tison rouge du monde mort

Store laissez-lui le cristal

D'un truc romantique

A l'école des bouquets couplet aveugle

D'une intelligence supérieure périmée

Pense furet

Rondes jolies bien de

Loués talons ses dans jusque

Simplicité bonté

Verra on

Cette extraordinaire idée

Dans les poches de sa vie

Son cœur herbes fines

Es-tu converti heures supplémentaires

Iodure de potassium catholique

La caserne derrière

Histoire des vérités maladroites

Je ne sais si vous comprenez

Les femmes vis-à-vis

Amertume des idées

Qui marquent la fin unique de l'homme

Laisse-moi songer lecteur à ton sort

Bonheur ton assurent qui cage ta de barreaux les

Dans une mine de houille

Prétendent aux possessions de champs de blé

Déboires empêcheriez-vous un rêve serein

De vivre dans un infatigable sourire

Invoqué aux heures bambins

Pourquoi les flutes bousculades

Sont-elles des carnets de poche

Additionnés sans cesse

Pour une religion consolatrice

Comme le morale du Christ

Royaume égoïste

Au musée du Louvre

Rues quand je serai vieux

Fatigantes comme un chien

Mon livre quotidien bonhomme

Sur les grands boulevards

Loin de Paris

Sera le monde erreur succès

Charles Floquet les yeux obstinément fermés

Mouche le parapluie enfant

Et nos propres pensées

Sont les bavardages quotidien misères

Qui sourient à des maniaques

Que nous aimons bonheur culot

Du mal d'estomac

Le vol des avions éphémères

Dirige le rêve de la patience W. C.

J'aime les croyants du tabernacle

Qui plongent dans une vague

Monde au

Radieuses larmes de écrin

Sommes-nous complètement mordus

Toujours pas assez

La fortune ennemie pompeusement

Nécessaire

Aime la solitude

Loin plus

Influence de couleurs souvenirs

Visage ton

Pauvre étrange colifichet

Des idées

Mais jour un passer pas

J'ai le monde derrière moi deux fois par jour

Passions et élégances extérieures

Méchanceté évidente 'l

Tombera de leur mains

Comme une cravate

Avec les grandes manœuvres barbaries

Machines dangereuses

Les yeux s'ouvriront avec stupeur

Epris de paix déesse

Seront assurés sans contrôle

D'apprendre aux héros

Le bonheur serein

Aux visages crispés de rancune

Faubourg noir

Les compagnies humaines

Sous l'uniforme se déshonnorent

Tarantula avec femme

Personne à personne

L'illusion est belle

L'éternité

Est un regard éclair

L'espace sans cesse pressé de loin

Ne possède rien

Amphitryon dans le métro

Regardant les payés

La minute suivante

Se défend contre ta joie

Et ne cesse de te tromper

Au mépris de ton intérêt

Improvise une nouvelle intelligence

Pour les jours suivants

Et puis rappelle-toi

Que l'univers a une mesure unique

Pour les autres

Il faut que tu deviennes un obus monstrueux

Le cubisme capte les salamandres

N'ayez crainte

Elles ont le ventre orangé

Pour admirer un tableau

Dont la philosophie beauté

Source pure

Soutient l'âme sensible

Des accessoires

Il faut autour de soi

Le système de l'évocation hardie

Une voie élective

Ecole du génie

Les actes de ta vie

S'inclinent comme un pauvre

Et ramassent les miettes

Grandeur des belles inventions

Tu refuses la manne authentique

Pour la sottise perdue

L'avenir Bergson

Est insupportable

J'aime mieux cette ordonnance de docteur

Le rêve fait surgir les images en reflet

La silhouette (c'est ce qui passe, l'indéterminé)

Le reflet (la silhouette en double)

Le relief (la stratification des images)

On incarne des gens qu'on ne connaît pas

On s'imagine qu'on les restreint

Personnalité qui revient d'un autre monde

Pour voir dans ce monde ce qu'il y a à réaliser

On communique de Paradis à Paradis

Plus vous riez plus votre œil est mort

Bains de soleil

Plonger dans la mer

L'œil s'éteint pour se revoir en dedans

Lis lis

Les pensées heureuses de ce docteur

Sont simples et vagues

Semblables au mépris des hommes riches

Stérilement salutaires

Comme le rire de la mémoire

A travers les actes de la vie

Les générateurs sont des gens

Qui recoivent de la suie sur leur tablier

Ajoute le docteur

Mangouste

Semblable au mépris

Sur le chemin radieux de l'avenir

Trouve plus de charme

Au palmier à cheveux blancs

Aujourd'hui il regarde la vitrine intérieure

De ceux qui l'entourent

Elève chaque jour son âme

Malgré tout

C'est à travers les Rolls Royce

Que la curiosité maladive

Ensemble le bonheur Trésor

Nid répugnant

Laisse-moi te contempler

Avec regret

Parents infirmes

Votre besogne n'est qu'un recette additionnée

Animaux engourdis

Que faites-vous en ce monde insensible

Des ébauches de lois

Trônes des cabinets

J'ai fait caca dans un Tabernacle

Avec rythme

Le violon calorifère nie et cherche

Les croupiers de la roulette embryonnaire

Le malheur des joueurs

N'est pas à dédaigner

Substance gris à pile ou face

Zéro

Finit la série favorable

Baccarat d'une existence humaine

Rouge

Noir

Demi chance carrée

Huit et neuf

Baccarat pilule

Debussy n'a jamais été vivant

Sur la boule

Petite boule

Fille d'un sinistre personnage

Flux et reflux des intériorisations cosmiques

L'horologe est insuffisante

Pour marquer les heures qui se cachent

On a l'impression peu à peu

Que l'intelligence est un procès verbal

Victor Hugo

Appartient directement

A l'écho rétroactif du cœur

Dans un lointain élan sans horizon

Foch fidèle à la parole donnée

D'être glorieux dans son histoire

N'a rien à perdre

Caruso pot de miel

Est un couvercle

Le lion chouette

Mécanisme idéal

Son argent est ovale

Dans plusieurs sens superposés

Blanches mamelles

Hors de leurs coquilles

J'ai inventé un système

Qui petit à petit

Sous la menace d'un revolver

Serre la main du vestibule

A une heure du matin

Il existe une histoire

Aussi illimitée que l'univers

Illusions optiques que nous connaissons

Nous ne savons rien

Ancien destin monde ce de

Tous les tableaux sont morts et continuent de vivre

Avec leurs maladies contagieuses

Des précisions mathématiques

Pour loger à mon grand regret

Un compas dans l'obscurité profonde

Ouistiti me ravit

Gravement vannerie de professeur

A voix très lente

Au-dessus des humains

Il mange l'érudition invisible

Picaflor de plus en plus Chopin

Amis des porte la sous travaille

Au lycée des pensées infinies.

Du monde le plus beau

Architectures hyménoptères

J'écrirais des livres d'une tendresse folle

Si tu étais encore

Dans ce roman composé

En haut des marches

Illusions besoin d'amours nocturnes

Je suis couché le long des fortifications infinies

Et j'écris ces lignes

Pélicans du boulevard Lannes succès

Vers l'humanité contraire dans un motif à pattes

Le ciel de nos têtes

Le mouvement de nos pensées

Bon voyage femmes honnêtes ou non

Maladroites ou splendides

Votre métier est idéal dans les bordels

Chaque maison de passe

A des oscillations chastes

Quand je réfléchis à la syphilis

Qui se répand

Comme des étoiles filantes

Que c'est bon

Nous nous entendons

Les boisons alcooliques

Sont des paroxysmes embrouillés en amitiés stupides

Il faut aller au cirque

Pour faire lire ses poèmes par des clowns

L'avenir n'existe pas quoique j'aille mieux

Souvent les sceptiques dans la souffrance

Triomphent complètement des superstitions

Grandes actions

Les gens de bon sens

Méprisent les consciences illuminées

Sous une tempête de neige en auto

Le Traité de Paix que je veux dire

Siège dans le monde de théâtre

Par-dessus la table

La grève générale rend idiot l'amour

Dans un cerveau Beaux-Arts

Comme un employé de bureau philosophe

Habitué sur la place publique

A voir une bouche rose tendre ses lèvres

Jusqu'à

Je m'associe aux putains du catéchisme

Pour protester dans l'éternelle inquiétude

De mon père

Fiche le camp est mon soutien

Et les sucreries ne sont plus rien dans mon estomac

C'est profond et mélancolique

De telles choses réveillent la force de la pensée

Et cet endroit moins banal

Que la campagne suisse

Avec un monsieur terrifié par ce poème

Du boniment

Ma sœur va se mettre à l'air

Jusqu'au suprême lapin du jour

Vous n'êtes pas heureuses

Malgré la splendeur de vos yeux

Naturellement vous cherchez le soleil carton

Un homme éclairé par une lanterne

Les baisers ne se donnent pas avec les lèvres

Les cheveux calicots café concert

Ne devraient jamais monter votre escalier

Escalier des énormes visages déménageurs

Horribles avant et après déjeuner

Sauf pour les croque-morts

Louise Andrée Marcelle Germaine Madeleine Marie

Les grandes fleurs de l'Afrique

Ressemblent aux parquets des Musées de la morale

L'herbe pousse toute mignonne

Dans la mélancolie

C'est profond depuis si longtemps

Que les premiers balbutiements chassent les heures de sommeil

Merveilleux concours

De phrases froides pour s'embrasser

Chaque tour de roue sous ma fenêtre

Me donne le désir de ne plus sortir

Je suis nerveux

La bonne balaie

Elle ressemble à une bête pourrie

La vie est adorable

Je n'aime pas les inaugurations

Le ciel est sous mes pieds

Avec ses richesses Nabuchodonosor

Tout et rien c'est la même chose

L'eau de Lourdes peut dépanner une auto

Demi femme demi chien demi bière

Pine mate

Et Vagin brillant

Les aumônes bariolées

Ont un éperon de bronze

Tout cela c'est une impression

Mais c'est quelque chose

Oui soleil lune et toutes les étoiles

Qui avez l'air de me sourire

Votre beauté est une chose inconnu pour moi

J'aime la guerre les épidémies les accidents

Qui grimpent après les larmes joyeuses des passions

Allemands les déteste je

Guerre la pendant que cela pour est'c

Possible loin plus le reste suis je

Maintenant je vais tâcher de les voir de plus près

Avant comme

avant le labyrinthe du thon salé

Dites-moi si c'est vrai

Que les officiers de marine s'accouplent

Avec les crocodiles qui somnolent sur les plages

Dites-moi qu'il y a encore des dragons aux écailles de brouillard

Dites-moi merde si vous voulez

Goutte à goutte sur ma couche les merveilles du monde

En nœuds roses

Viennent entendre ma voix

Il faut se rouler sur les cimetières

Notre rédemption est un chemin

Ainsi homme vigoureux regarde

Mais regarde donc tes formes antiques

Tu chantes la liberté

La main dans la main

Avec les rossignol à plumes bleues

Hélas rien n'existe que dans tes suggestions

Demi voilées par l'humidité qui te contorsionne

Les fleurs printanières sont des vêtements pauvres

A côté d'un miracle divin

La mort de jade

Dans une tasse d'or

Les globes électriques sont hystériques

Comme des prisonniers heureux de devenir fous

Il n'y a pas de simulateurs astringents

La plupart ont faim

Faim d'argent

Faim de viande

Faim de n'importe quoi

Faim de violettes si vous voulez

Les journaux ont l'orgueil stérile

Journal du Peuple comme le lynx

Tu as de grasses pattes de velours

Action Francaise

Bordée de flanelle rouge pipi

J'aime mieux les bords du Nil

Le bruit des plantes qui poussent

Avec leurs tuteurs

Les bureaux de placement interdits

Le gardien de la veine

La musique quelle beauté de vapeurs besoins

Ses vibrations empanachées illuminent la route de l'esprit

Bouillie pour les chats

Le luth évoque quelque lac gris

Bouc asperges presqu'île Bosphore

Lapin albinos dirige ses yeux monolithes

Au milieu des plumes Bouc

Les Rag-Times luisent comme les odeurs du désaccord

Mélodie d'une rame sur l'eau

Les Tambours bandent

Les voilons sont des coquillages en bois pofi

Les remord se chamaille sous l'ombre des morts

Avec du fer blanc

Les enfants sont les gardiens de la vieillesse

Je connais un petit garcon symbolique

Dont l'enchantement est de s'agenouiller devant le Diable

Pour demander un mouchoir linotte

Comme celui de Juliette Roméo

Paris New-York

Vous êtes des villes ballons

Qui flottent et tombent en miniatures sur des cartes

Parfois dans un volume au milieu de l'œil

Epanouis de désire dotés

Les villages sont les échos minuscules

Des baisers des grandes villes

Baisers donnés pour évoquer les souvenirs

Du silence

Comme l'honneur

L'honneur est une lâcheté

Vos cervelles gesticulent

Idiotes et flétries

Jacques Henri Georges Paul Maurice Jean

Vous parlez tous hébreux de l'Institut

Sous les rubans rouges et violets

De l'huile de foie de morue

Rive gauche

Rive droite

Je vous demande la permission

De rester vagabond

Mon ami le docteur cubain

Me dit qu'une voyante prédit

Le plus bel avenir

En lisant sur le dos de la main

Mais en cet endroit

Les chansons folies

Sont d'épouvantables hasards

Qui vous mordent les doigts

Avec précaution

Nouveau de suivait cabriolet le

D'inquiétude sorte une

Demoiselle une même

Pianos les sur

Tombée chez païen

Entr'ouvre un canapé.





Paris, 6 janvier 1920



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